Le facteur

J’ai un secret. Ou plutôt il a un secret, mais avant de vous dire lequel, je vais vous conter le début de l’histoire.

Mon nom est Lucinda Duval mais mes amis m’appellent Lucie et j’ai 12 ans. Je vis dans un petit quartier de Bordeaux. Ici les gens sont plutôt agréables et gentils, en particulier Bert et Fabienne, mes voisins. Ils veillent sur moi lorsque les parents s’absentent plusieurs jours. Je vis donc dans un petit immeuble résidentiel. Ma résidence a trois petits immeubles en U autour d’une cour centrale. Dans mon immeuble, j’ai pris l’habitude d’espionner les gens pour passer le temps. Je sais, c’est mal mais en ce moment je suis malade et mes journées sont affreusement longues et mortelles. Alors, installée sur la terrasse du balcon, emmitouflé dans écharpe et ma veste de laine, j’observe à l’aide des jumelles que mon père m’a offertes, les aller-venus des gens.

Dans l’appartement d’en face, j’observe Joséphine Desjardins. Cette dernière est sur son balcon, équipée d’une paire de ciseaux. Elle taille ses plantes avec la minutie d’un maitre bonzaï. Cette femme aux longs cheveux blonds est gentille mais je l’ai toujours trouvé étrange. Je passe mon chemin, je n’ai pas envie de passer ma matinée à l’observer offrir au vent des feuilles solitaires. Son voisin du dessous vit seul et passe ses journées à regarder la télévision. Sujet non pertinent ! Suivant ! Etoile Desmers, j’adore cette femme, elle est assistante maternelle et a toujours des sucreries plein les poches, elle a toujours un mot gentil pour les gens. Il semble qu’aujourd’hui elle garde Leo et Tina, les jumeaux diaboliques d’Ambra et Diego Denoyer, le couple du 6 ème.  Rien de bien passionnant, hormis la patience d’Etoile. Je m’apprête donc à continuer mon exploration quand j’entends la grille de la cour de l’immeuble s’ouvrir.

Curieuse, je tourne mon observation dans la direction du bruit suspect, mais ce n’est que le facteur. Pourtant je continu mon observation, il est plutôt beau. Je le vois glisser lettres et magasines dans les fentes sombres des boites aux lettres blanches. Mais alors qu’il me semble qu’il va repartir, celui-ci retourne à sa voiture puis revient avec une pile de paquets colis dans les bras. Je le vois ouvrir, les boites aux lettres des heureux propriétaires, y déposer le colis avant de les refermer. Mais alors qu’il s’apprête à refermer la dernière boite, son trousseau de clefs lui échappe des mains pour tomber dans la grille d’évacuation des eaux de pluie.  Mince ! Il va bien galérer surtout que vu la taille du trousseau, il devait y avoir aussi ses clefs de voiture. Je vois le facteur tenter désespérément de lever la grille d’égout mais rien n’y fait ! Bon sang, je me sens dans la peau d’une espionne de la CIA, avec mon facteur dans le rôle de James Bond. C’est existant ! Mais mon attention est de nouveau captée par le facteur quand je le vois se relever, regarder autour de lui pour vérifier que personne n’est là, puis sortir de sa poche une longue tige de bois. Il la remue doucement en parlant. Ce que j’aimerai entendre ce qu’il dit ! Mais c’est finalement moi qui reste sans voix quand je vois le trousseau de clefs sortir de la grille d’évacuation en lévitant. Le facteur le récupère tranquillement puis range sa baguette et les clefs dans sa poche en vérifiant de nouveau que personne ne l’observe. Bon Dieu !!! Mon facteur est un sorcier !!!!

 

 

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